Brad Pitt et Angelina Jolie divorcent, selon TMZ. Si même les plus sérieuses agences de presse relaient un site people américain, ce n'est pas par hasard. En 11 ans, TMZ s'est forgé une réputation de chasseurs de scoops glauques mais fiables et fait trembler les stars. Du cash, l'ambition démesurée d'un homme et un amour de la loi et de la vérité à géométrie variable en ont fait une machine à scoops redoutable.
Depuis son lancement en 2005, TMZ est reponsable des plus grands scandales de la planète showbiz, et parfois d'ailleurs. La carrière de Mel Gibson brisée, l'idole Tiger Woods sacrifiée, l'image du couple Jay-Z/Beyoncé écornée par une belle-soeur en furie ou encore le patron des Los Angeles Clippers Donald Sterling rattrapé par ses propos racistes. Tape à l'oeil,de mauvais goût, cruelle et scandaleuse, la marque TMZ est devenue l'une des plus influentes dans le monde des médias. 

Dans un long papier retraçant l'histoire de TMZ, Buzzfeed News résume ce qui fait la particularité du site: un mélange de frivole et de macabre, d'infos banales et d'annonces de décès avant les autres. Mais surtout, un troisième paramètre, qui le distingue de tous les autres publications people: un mélange unique et controversé de scandales racoleurs et d'investigations documentées, parfois non publiées. 

Coffre-fort
Des infos non publiées? TMZ posséderait en effet, selon de nombreux employés, un véritable coffre-fort de secrets peu avouables, impliquant Justin Bieber, Michael Jackson, Lindsay Lohan ou John Travolta, entre autres. Des infos qui seront publiées ou non à un certain moment, sans que personne ne comprenne vriament le timing. Mais qui mettent la pression à la star en question et à son équipe de com'. 

Harvey Levin, la tête pensante de TMZ, a sans aucun doute changé la façon dont fonctionne la relation presse - star system. Auparavant, le paysage de la presse people était basé sur des infos ou des scoops bidons, orchestrés par son équipe pour flatter ou servir la star. TMZ a cassé ce système et a vendu ses scandales comme des fictions ciné et TV dans lesquelles ces stars apparaissent, brûlant l'autel sur lequel elles siégeaient, Mel Gibson et ses 30 ans de carrière ou pas. "Le journalisme de stars était un mensonge", a résumé ce boss atypique.
Ambition personnelle
Car l'histoire de TMZ, c'est aussi celle de Harvey Levin, 66 ans et à la tête du site qu'il a façonné selon son ambition depuis les débuts en 2005. Après des études et une très brève carrière d'avocat, ce Californien se tourne vers les médias dès 1982. D'abord dans le domaine du droit, via une émission radio et une chronique dans le Los Angeles Times. Puis comme reporter pour KBNC et KCBS, où il relatera le plus gros scandale des années '90: le procès d'O.J. Simpson. Son talent et des méthodes douteuses (il se fera passer pour un policier) lui permettent de tirer son épingle du jeu malgré la foule de journalistes présents et en 2002, il devient le producteur de l'émission "Celebrity Justice", diffusé pendant trois ans. Levin se montre malin et télégénique et après l'annulation de "Celebrity Justice", il apparaît régulièrement dans l'émission de CNN "Showbiz Tonight".

"Un combat contre l'hypocrisie"
Ces années pré-TMZ montrent déjà les prémices de ce que sera l'empire TMZ, note Buzzfeed: un "combat contre l"hypocrisie", une bonne connaissance de la loi, son application aux stars et une ambition personnelle infatigable. Levin veut en effet avoir "son truc à lui". Alors quand Jim Paratore, le boss de la société de production Telepictures, propriété de Time Warner, l'approche, il accepte l'offre. Paratore a déjà placé via Telepictures des émissions comme "The Tyra Banks Show", "The Ellen DeGeneres Show" ou "The Bachelor". Mais aussi "Extra", qui servait surtout à faire la promotion des artistes de Time Warner. 

Quand TMZ voit le jour en 2005, les deux hommes ne se priveront pas de recycler le stock d'images amassé via cette émission pendant 10 ans. AOL s'ajoute à la collaboration dans l'idée d'exploiter avec la force internet d'AOL des centaines d'heures inexploitées par "Extra". Levin n'y comprend rien à Internet mais est conquis par l'idée d'avoir un terrain de jeu à la hauteur de sa vision et son ambition.
Des blogs et une bombe
En 2005, les ragots sont essentiellement diffusés sur le web via des blogs dynamiques, moqueurs et en permanence mis à jour, comme Perez Hilton, D-Listed ou Just Jared. Ils connaissent un grand succès mais n'ont pas derrière eux une machine de guerre comme AOL. En s'y associant, Telepictures bénéfécie d'une base de 22 millions d'abonnés. Levin et Peterson tombent d'accord sur le nom TMZ, pour Thirty Mile Zone, surnom donné par Hollywood à la zone qui limitait les frontières de l'industrie entertainment.

Alors que TMZ est encore en version test, une première bombe est lancée. Une vidéo montre un accident impliquant Paris Hilton, son petit ami d'alors et héritier grec Stavros Niarchos, la fille de Rod Stewart et une star de la TV américaine. La voiture percute un camion, quitte les lieux de l'accident, en accrochant presque un témoin. Après l'arrivée de la police, on peut voir Paris Hilton envoyer un baiser aux policiers en disant "Nous aimons la police". TMZ précise qu'il n'y a aucune indication que la police ait procédé à des des tests sur le conducteur. Tout y est: la vidéo, taper sur les stars et au passage un peu sur la police, la loi bafouée et la provocation. 
Pas de mariage
Tout y est mais tout ce qui n'y est pas est aussi révélateur et illustre la marque de fabrique de TMZ: pas de mariage, pas de tapis rouge, rien de tout ce qui a été pensé, organisé et réfléchi. "On ne relaie pas un agenda" répète Levin à ses troupes. Une liberté totale appuyée par un conglomérat puissant, aucune flatterie envers les stars, des connexions avec le monde judiciaire: TMZ était prêt à tracer sa route.

Mel Gibson, le coup d'arrêt
Ce qui fera définitivement sa notoriété se déroule le 28 juillet 2006. Mel Gibson est arrêté par la police pour conduite sous influence. Le rapport de police affirme qu'il n'y a pas eu d'incident, mais des témoignages discordants, la police qui semble vouloir couvrir l'affaire et des rumeurs poussent l'équipe de TMZ à pousser plus loin l'enquête pour finalement réussir à obtenir un rapport complet de l'arrestation. Qui relate les "sugar tits" que l'acteur envoie à une policière et ses déclarations antisémites: "Les Juifs sont responsables de toutes les guerres dans le monde." 

Un coup d'arrêt pour la carrière de Mel Gibson, un tremplin pour TMZ, qui décidera à partir de cette histoire de jouer cartes sur table aussi sur la forme, avec gros caractères, points d'exclamation à gogo, titres cruels et moqueurs, et tout ce qu'un tabloïd peut proposer en termes visuels.
BREAKING NEWS!!!
Suivra en 2007, la boule à zéro de Britney Spears. Puis, nouveau climax dans la progression du site: la mort de Michael Jackson le 25 juin 2009. TMZ est le premier média à l'annoncer, assurant que plusieurs sources confirment. Le rapport de l'autopsie sera aussi divulgué par TMZ. Quelques mois plus tôt, ce sont les images de Rihanna frappée par Chris Brown qui font la une, et le monde entier suivra. 2009 toujours, ils seront les premiers à annoncer la mort de l'actrice Brittany Murphy.

En 2014, les images de Solange Knowles frappant son beau-frère Jay-Z font le tour du monde. La même année, ce sont celles du joueur de NFL Ray Rice frappant sa petite amie dans un ascenseur. Et enfin cette année, la mort de Prince sera annoncée par TMZ en "breaking news".
Des sources partout
TMZ ne peut plus se permettre de diffuser une fausse information. Levin répète son aspiration à la vérification et contradiction des sources. Quand on lui demande comment il obtient ces documents, Harvey Levin botte en touche. "C'est vraiment marrant qu'on me pose cette question. Nous sommes un site de news. Je veux dire, c'est ce que nous sommes censés faire," relate le New Yorker.

Une ligne et une adresse e-mail dédiées aux tuyaux, les tribunaux, les avocats, les vigiles, les producteurs, les maquilleurs, coiffeurs, serveurs, hôtesses de l'air et autres petites mains souvent invisibles d'Hollywood, sont quelques-unes des routes vers les scoops. Le secret de Tiger Woods a ainsi été trahi par une serveuse de Las Vegas.

Levin n'a pas non plus "de problème à payer", entre 5.000 et 250.000 dollars au moins. Ce qui est contraire à la déontologie des médias américains. "Mais nous le faisons rarement". Pas si rarement que cela, d'après de nombreuses sources. Qui soupçonnent beaucoup de fonctionnaires de Los Angeles d'être payés par TMZ, qui obtient ainsi de nombreuses photos de la police ou des hôpitaux. 

Les employés de TMZ sont aussi de féroces archéologues des documents judiciaires de Los Angeles. Accessibles à tous, les analyser demande toutefois des centaines d'heures de travail, ce que ne fait pas la concurrence. 

Génie cinglé
On peut aussi supputer certains deals, comme avec Justin Bieber. L'incident "raciste" dans le coffre-fort jusqu'à sa diffusion par The Sun en 2014, on pouvait s'étonner de voir tous les scoops made by Justin sur TMZ. Justin qui appelle maman pour acheter un hélicoptère, Justin qui a coupé sa mèche, Justin et Selena qui s'embrassent, Justin interrogé par la police... Un arrangement pour garder le secret bien gardé en échange?

Les paparazzi sont utilisés mais uniquement pour filmer tout ce qui pourrait enfreindre la loi, pas de photos. Et ils sont engagés "à temps plein", pour s'assurer une certaine loyauté.

Les journalistes eux sont priés d'amener du scoop, beaucoup et tout le temps, sous peine de prendre rapidement la porte. 14 heures de travail par jour, à l'abri de vitres qui cachent la lumière, c'est la norme dans ce qu'ils appellent le "sous-marin". Avec un Levin extrême, "génie cinglé" et extrême, qui est passé de l'obésité au corps musclé, et qui adore toujours autant crier à 66 ans. Détesté par nombre de stars évidemment dont Alec Baldwin, qui expliquait récemment que Levin est "un furoncle purulent sur l'anus des médias américains": "L'un de mes plus grands souhaits serait de poignarder Harvey Levin avec un outil rouillé et de regarder ses entrailles se répandre sur mes avant-bras, à la manière d'un Macbeth."
Plus d'hommes
Hormis quelques erreurs, TMZ a rarement failli et est rarement poursuivi en diffamation. Mais pas seulement parce que tout serait "vrai". Aussi par crainte de l'effet Barbra Streisand, mieux vaut ne pas nourrir la bête. L'empire TMZ s'est agrandi, avec une vingtaine de millions de visiteurs uniques par mois. On y produit des shows bon marché où l'on peut voir la rédaction discuter des "histoires" publiées. L'autre pari de départ, celui de "masculiniser" l'audience est réussi aussi et on compte aujourd'hui près de 50% d'hommes qui surfent chaque jour sur TMZ, là où les autres sites people émergent à environ 10%. Et le pari le plus important, celui de ne pas se tromper, aussi: le divorce de Brangelina a de nouveau fait exploser la planète people depuis son épicentre, TMZ.
Back to Top